Accueil
Critiques et entretiens
Portraits
Focus
Thème et variations
Cher·x·e
Global Terroir
À propos
La belle revue papier
Newsletter
fren
2024
2023
2022
2021
2020
2019
2018
2017
2016
2015
2014
2013
2012
2011
2010

Genre Humain

par Lise Guéhenneux

Facebook / Twitter


Genre Humain, un titre musical et le visuel du carton égrenant la liste des 32 artistes invités, annonce déjà la couleur. Mais à quel genre d’exposition a-t-on à faire ici, à Bourges, dans le Palais Jacques Cœur, architecture estampillée gothique tardif qui fût conçue avec un souci du confort étonnant ? Claude Lévêque en maître de cérémonie prévient tout de suite qu’il n’est pas commissaire d’exposition ni conservateur de musée. Il a été invité par l’association Emmetrop dont l’excellence n’est plus à présenter, à créer un événement pour les 30 ans de son existence. Et c’est la liberté d’un artiste qui a guidé cette exposition convoquant aussi bien des artistes historiques de l’art contemporain, comme Chris Burden, récemment disparu, Joseph Beuys, David Hammons (Money, 1989-1993), pour ne citer que ceux-là, que des artistes plus jeunes et pour certains rencontrés récemment, on pense au grand dessin de Jérôme Zonder (Pierre-François et le chat qui rit), à la petite photo de Simon Boudvin. Le but n’était pas de faire dans le spectaculaire ou de soigner les relations avec les galeries, les musées mais d’habiter un lieu étranger au monde de ces œuvres, pour voir. Pas de cimaises, pas d’accrochage, le questionnement se situe ailleurs que dans la déco ou alors pour en jouer avec finesse humour et maestra comme Carlos Kusnir (Kusnir, 2015). Comment faire sonner ce monument historique risquant toujours la chromo du roman national ?

Le choix de Lévêque se tourne vers des pièces issues de démarches radicales mais qui ne viennent pas en rajouter avec citations, références de trop. Genre Humain se veut donc un jeu avec ce lieu chargé d’histoires. Ainsi, l’œuvre de Beuys, le maître des grandes cérémonies et des installations gigantesques, est-elle ici une simple confrontation entre un citron et une ampoule jaune sur une douille. Pour habiter l’espace, Lévêque et l’équipe d’Emmetrop ont tenu à placer les œuvres sans forcer l’accrochage. La Capry Battery (1985, ampoule, douille, citron) se cache presque dans une niche du garde manger de l’office. Tonitruante sculpture sonore de Gerome Nox (Drone #1.0) débordant largement de la chapelle sur la ville, traversée de salles monumentales, montée d’escaliers, enfilade d’espaces, arrivée dans la tour, descente, chaque espace installe une nouvelle situation, une présence.
Annette Messager nous invite, Come (2005), - écriture de peluches sur le mur - , face une œuvre où Haim Steinbach joue un display explosant les limites entre socle, sculpture et étagère servant des objets sortis d’un univers de toons. Puis, le petit peuple de Françoise Pétrovitch dans des cadres posés sur des coffres. Mais c’est sans compter d’autres hallucinations tel Rising ritual rest (2008) d’Ugo Rondinone dans la salle d’apparat un leurre prenant la forme d’une énorme porte en bois massif prête à s’ouvrir sur une nuit de plomb et autres fantômes à faire crier les enfants. Ce parcours fait confiance aux œuvres qui savent très bien investir l’espace. Alors créer des tensions, entre tapisserie murale, gisant et fantômes des insurgés de mai 1848, deux moniteurs montrent la messe pour un corps (1969- réactivation 1975) de Michel Journiac posés dans les embrassures des fenêtres tandis qu’une structure composée de fluos allumés entrecroisés, archétype de tente habitée par un renard empaillé, occupe le territoire central. Pour l’occasion, une partie des combles du château ont été ouvertes. Masques enfantins disant tout l’effroi, interprété par Laurent Faulon en résine, archéologie entropique de Constancin, ambivalente Electrified II (2010) de Mona Hatoum, autant d’artistes questionnant le monde et sortis des carnets intimes de Claude Lévêque et trouvés grâce à un jeu de piste entêté.

De la cave au grenier, tout a été exploré. Et c’est ainsi que Lévêque lui-même a craqué pour le premier des trois niveaux de sous-sol. A la demande exprès d’Emmetrop est née Chiens de diamants, une ballade entre nuit du dépôt lapidaire et flashs de lumière orchestrés par de petites cuillères qui flambent comme autant de petites bougies vacillantes sous l’ostinato de castagnettes s’élevant de l’espace largement éclairé derrière une porte entrouverte.
 




Genre Humain
Palais Jacques Cœur, Bourges
12 juin > 4 octobre 2015

www.emmetrop.fr

Tags

Lise Guéhenneux Claude Levêque Anne Brégeaut Gerome Nox Carlos Kusnir Mona Hatoum Pierre Ardouvin
—» Transpalette - Bourges



«– Précédent
Laure Prouvost — «On ira loin»



Suivant —»
Les silences éloquents de Dominique Petitgand



—» CIAP Vassivière - Beaumont-du-Lac (1)
—» Transpalette - Bourges (1)
—» La Tôlerie - Clermont-Ferrand (1)
—» Musée départemental d'art contemporain de Rochechouart - Rochechouart (1)